
Vous vous êtes perdus de vue après le lycée, parfois après une dispute, ou parce que vos vies ont suivi un chemin différent. Mais vous pensez toujours à cet ami perdu de vue. Reprendre contact ou continuer ainsi, vous hésitez encore. Mais au fond, que risquez-vous ?
Ah, l’algorithme de Facebook. On ne comprend pas tout à fait comment il fonctionne. Il n’empêche, dans vos suggestions d’amis (virtuels), il vous a proposé Cathie, votre meilleure copine du collège. Vous n’aviez pas pensé à elle depuis des années, et voilà que vous tapotez de la main droite sur votre bureau, derrière votre écran, pour savoir si vous lui envoyez un message.
Juste savoir ce qu’ils sont devenus, proposer de prendre un verre, ou avoir une réelle volonté de renouer cette amitié ? Il y a bien des raisons de reprendre contact avec ces amis perdus de vue, ceux avec qui on a traversé notre enfance ou notre adolescence, période charnière de notre construction.
Risquer d’être déçu, pour ne pas avoir de regrets en amitié
Mais avec les années passées, est-ce réellement une bonne idée ? Camille est assez mitigée. De son groupe de lycée, elle n’avait gardé contact qu’avec un garçon, pour un verre de temps en temps. Il y a un an, celui-ci propose un petit dîner chez l’une des membres du groupe. Camille accepte, contente d’avoir de leurs nouvelles.
“Le jour J, j’étais un peu stressée, j’avais l’impression d’être une Camille différente, à la fois j’étais fière de leur montrer qui j’étais devenue et en même temps j’avais peur qu’il y ait un malaise, depuis le temps qu’on ne s’était pas vu…, confie-t-elle. Finalement, la soirée était sympa, on a même fait un karaoké sur toutes les musiques qu’on adorait passer en soirée.”

Seulement, cette soirée n’est et ne restera qu’un bon moment. “Rien n’avait changé”, explique Camille, qui n’est pas du genre à vivre dans le passé : “C’était toujours le même délire de musiques ringardes, les gens ne m’ont posé aucune question sur ma vie, sur mon nouveau travail, sur le fait que j’étais en couple depuis déjà un an…”.
Ce n’est pas faute d’avoir été curieuse sur leur vie à eux, pourtant. Alors qu’une de ses (anciennes) copines répond volontiers à ses questions sur son histoire d’amour, elle ne la questionne pas en retour.
“C’est aussi pour ça que j’avais coupé les ponts petit à petit, car nous devenions différents, on n’avait plus les mêmes délires, et surtout, j’ai besoin d’être entourée de gens qui s’intéressent à moi comme moi j’aime le faire avec les autres”, lâche simplement la jeune femme. Depuis, elle n’a revu personne de ce groupe. Sa vie a changé, “mais au moins, pas de regrets !”
Rose a tiré les mêmes conclusions de ses retrouvailles avec sa meilleure amie de lycée. Inséparables de la seconde à la terminale, elles n’ont pas réussi à rester amies avec la distance, après que sa copine soit partie faire ses études dans une autre ville. “Il y a quelques années, j’ai croisé une amie en commun de l’époque qui, elle, la voit encore : ça m’a donné envie de reprendre contact”.
Elles se rejoignent alors dans un bar, “mais ça a fait flop”. Sans être nostalgique de cette amitié, Rose avait pourtant mis quelques espoirs dans ces retrouvailles. Mais, “on n’avait plus du tout les mêmes vies, les mêmes délires, les mêmes centres d’intérêts, raconte-t-elle. Tellement de choses se sont passées en plus de 10 ans et finalement, ce soir-là, on n’avait rien à se dire”.
Si Camille n’attendait rien de cette soirée, Rose semblait plus enthousiaste à l’idée de donner à cette amitié une deuxième chance. Leur point commun : elles sont toutes les deux allées jusqu’au bout de ces relations, afin de s’assurer de ne pas passer à côté de quelque chose.
Concrètement, elles ont juste pris le risque de passer une mauvaise soirée, ce qui ne fut même pas tellement le cas. Mieux vaut être un peu déçue, que de se demander toute sa vie ce que ça aurait pu être, cette relation.

Reprendre contact avec un copain : une redécouverte de l’amitié
Clotilde a repris ainsi contact avec deux amis d’enfance. Ou plutôt, c’est eux qui ont repris contact avec elle. La première est une des filles de son ancien groupe de collège. Or, ce groupe s’était quitté fâché, puis Caroline et Clotilde ont étudié dans des villes différentes.
Sans savoir si elle devait ni comment renouer cette amitié brisée, Clotilde ne l’avait plus revu, jusqu’à ce qu’elle reçoive un message de sa part sur Facebook il y a un an. Caroline lui disait qu’elle pensait souvent à elle.
“J’ai été très touchée parce que c’était une personne importante pour moi”, explique Clotilde. Elles vont alors boire un verre. “Ça a pris un quart d’heure pour qu’on éclate de rire pour rien : elle est très drôle, c’était la même Caro, c’était trop génial”.
Elles ne se sont pas revues depuis, pas encore. Son amie a déménagé et a eu un bébé, Clotilde a sa propre vie, ses amis, son travail. “Mais ça m’a apaisé de savoir que ça allait bien, qu’il n’y avait pas de rancoeur, je pouvais continuer ma vie en sachant que cette relation là je ne l’avais pas rêvé, au lycée cette amitié existait même si dans le présent on n’allait pas se revoir régulièrement”, livre-t-elle.
Elle a ainsi chassé les mauvais souvenirs, et a pu repartir avec cette femme sur des bases nouvelles. Leur amitié d’antan leur a permis pendant cette soirée de se confier très vite, par exemple les longs mois d’attente avant la grossesse voulue par Caroline.
Et puis, il y a eu Thomas. C’était son grand copain (et un peu amoureux) de maternelle. Quand il l’a revu, lui sortait de prison. Clotilde est impressionnée par les chemins si différents qu’ils ont pris.
“Le fait qu’on ne se connaisse pas adulte, ça nous a permis de nous dire pleins de trucs hyper honnêtes, il n’y avait pas de préjugés, c’était sain, confie-t-elle. Quand on a été ami enfant, c’est comme si cette amitié était pure et naturelle et qu’elle restait en suspens”. Emue de cette redécouverte, celle du Thomas adulte, elle explique : “Quand on s’est revu, on avait beaucoup d’affection l’un envers l’autre alors qu’on s’est perdu de vue quand on avait six ans”.
Le souvenir de cette amitié a suffi pour qu’ils se retrouvent, et ils se donnent aujourd’hui des nouvelles. Par exemple quand il est devenu papa. Et Thomas n’oublie jamais de la prévenir quand il est de passage à Paris.
Finalement, ce fut pour elle, comme pour Rose et Camille une question d’opportunités. Le contact s’est fait par une connaissance en commun, ou l’ami est venu jusqu’à elles. Mais il est aussi très facile de retrouver la trace de ses copains d’avant aujourd’hui. En quelques clics, sur les réseaux sociaux, ou en demandant à un ami ou deux. Il suffit d’arrêter de tapoter de la main droite, et d’écrire enfin ce message.
Sources de l’article : cosmopolitain par CLÉMENTINE BILLÉ